Quelques histoires d’enfants et d’école.
Scarlett ou la peur des fautes
Scarlett est en CE1. Petite fille très angoissée par l’école. Par ses résultats dont elle n’est jamais contente. Pourtant elle est une bonne élève, mais chaque erreur est vécue comme un drame. Elle ne voit pas le « bien » ou le « juste » qui notent les exercices, elle ne remarque que le mot barré ou souligné en rouge par la maîtresse. Cela jusqu’au jour où on lui dit : On va à l’école parce qu’on a des choses à apprendre, et il est normal de faire des erreurs. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Scarlett ne le savait pas. Plus étonnant encore, nombreux sont les petits écoliers à être dans ce cas. Quand un enfant sait que dans tout parcours scolaire, on ne progresse pas en ligne droite, que l’on stagne, régresse, que l’on fait des retours en arrière, le voilà rassuré.
June ou la difficulté de l’aide parentale
June entre au CP. Aucune difficulté n’a été relevée en maternelle. Et l’apprentissage de la lecture en septembre ne lui pose pas de problème, puisqu’il s’agit au cours du premier mois de s’y initier de façon globale. Mais bientôt June a des difficultés avec un phonème, le ou. June bute dès qu’elle doit déchiffrer un mot qui comporte le son ou. « o et u, ça fait quoi ? demande chaque soir la maman. June reste silencieuse et la maman de s’énerver et de hausser la voix, o et u, ça fait ou, ça fait ou » June poursuit tant bien que mal l’apprentissage de la lecture, un peu plus anxieuse chaque soir à la pensée de ce ou qu’elle connaît, mais qu’elle ne parvient pas à sortir au moment décisif. Sa sœur, qui fait ses devoirs dans la chambre voisine, tétanisée par cette scène quasi journalière, est stressée elle aussi à l’idée qu’elle puisse un jour ne pas savoir quelque chose et provoquer la colère de sa mère : or elle a fait un excellent primaire et commence la sixième en bonne élève. Les deux sœurs ont des difficultés à terminer leur année de façon satisfaisante. Et il faut enfin que la mère, incapable de maîtriser ses colères, cesse de travailler avec ses filles pour qu’elles reprennent confiance en elles et poursuivent leurs études de façon très correcte. Et sans plus d’angoisse.
Louis ou l’autonomie
Louis est en cinquième. Enfant unique de parents divorcés, il est élevé par sa mère. Celle-ci lui a toujours consacré beaucoup de son temps quand elle rentre du bureau. Temps passé principalement à la table de travail. Leçons, vocabulaire anglais, règles de grammaire, exercices de maths, mais aussi écriture, tenue de ses cahiers, rien n’est oublié. Le seul problème est que Louis n’a pas appris à travailler seul, que les résultats de ses contrôles n’ont jamais été à la hauteur des devoirs maison et qu’il a passé d’une classe à l’autre toujours de justesse. A Noël, Madame B. tombe malade, et Louis déménage chez son père, biologiste, à qui est conseillé de ne pas faire les devoirs avec son grand ado. Les contrôles de fin d’année sont mauvais, mais Louis a néanmoins son passage pour la quatrième. Louis s’intéresse au travail de son père, va le voir dans son laboratoire. L’échange père/fils se fait constructif. Et Louis commence à lire des revues à visée scientifique dont il ne comprend pas tous les articles. Il dit se sentir enfin dans sa peau. « Avant c’était pas moi ».Et avec des hauts et des bas, il poursuit sa scolarité, jusqu’à l’entrée au lycée, où il décolle. Louis a découvert la motivation et il a appris à travailler pour lui.