L'éditorial d'Alain Sotto : "Tous préfèrent réussir"

L'éditorial d'Alain Sotto : "Tous préfèrent réussir"

On aime apprendre dès lors que l’on sait pourquoi et comment apprendre.
Un grand nombre d’enfants sont en souffrance scolaire, d’autres font leur travail correctement mais sans éprouver de joie. Ils manquent de motivation, de projet. Comment feront-ils, au sortir de l’adolescence, bac en poche ou non, pour poursuivre des études ou encore conquérir le monde du travail ?
Il serait illusoire de croire que soudain ils vont aimer travailler, faire les efforts qu’il faut pour mémoriser ou réfléchir… Bien entendu, il y a les heureux qui, grâce à une rencontre, quelle qu’elle soit, trouvent à un moment dans leur scolarité, le déclic qui va transformer le pensum scolaire en un apprentissage, lequel certes requiert des efforts, mais apporte aussi de la joie. De la joie ?
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Douleur d'enseignant, douleurs d'enfants par M. J. Villaume

J’enseigne en classe de CM2 en ZEP, je suis maître formateur et militante aux CEMEA.
Je n’ai pas de cancre dans ma classe, que des élèves en souffrance affective ou éducative. Ils manquent cruellement d’adultes identificatoires. Leurs repères sont de bric et de broc…l’attention est globalement fugace, ils ont du mal à soutenir leur effort, mais quelle explosion de joie, quelle hystérie parfois, quand ils constatent qu’ils acceptent leur réussite. Nous manquons cruellement de thérapeutes pour nous aider à décrypter les blocages, à apaiser les douleurs, canaliser les débordements, les « trop pleins de manques ». Nous aurions aussi besoin de thérapeutes pour les maîtres, car combien est grande leur souffrance !
Pour moi, c’est douloureux de constater les dégâts chez les enfants, puis de voir les limites de mon action. Les élèves sont intelligents, vifs, mais leur disponibilité est fuyante… Je passe beaucoup de mon énergie à les apaiser, les rassurer sur leurs compétences…et beaucoup d’énergie aussi à les cadrer, à les ramener sur un terrain relationnel où leur colère doit s’exprimer mais surtout ne pas se retourner contre eux… Je travaille avec un thérapeute sophrologue qui entend ma propre douleur ; je me sens apaisée par ces séances, cela me permet de garder de la distance pour ne surtout pas être aspirée par le goufre des blessures des élèves.
M. J. Villaume