Aider votre enfant à réussir
Hachette Education
Introduction
« Il n’y a personne qui ne désire réussir à l’école, mais beaucoup n’en savent pas le moyen », écrivait Descartes en 1646. Rien n’a changé en plus de trois cents ans. Tous les enfants aimeraient faire de bonnes études mais n’y parviennent pas faute souvent de savoir s’y prendre correctement. Et leurs parents qui désirent les aider y renoncent pour la plupart : comment faire bien ce à quoi ils n’ont pas été formés ?
J’ai été un de ces parents. Pourquoi travailler avec ma fille ? Comment ? Etait-ce nécessaire ? Que lui apporter que ne lui donnait déjà son enseignant ? Ces questions que je me posais quand elle était en primaire n’auraient sûrement pas trouvé de réponse si je n’avais décidé un jour de m’occuper d’enfants en difficultés scolaires. Ce sont ces enfants, et d’autres dont on disait qu’ils étaient doués, qui m’ont apporté ce que je sais.
Dans les ateliers organisés à mes débuts, il me semblait que le climat ludique et joyeux faisait que les enfants venaient volontiers, étaient attentifs, efficaces. Mais, peu à peu, je me suis interrogée. Pourquoi s’ils étaient performants au cours de nos séances l’étaient-ils moins à l’école ? Devais-je n’être qu’une répétitrice ? A quoi servait de redire, de refaire, à l’identique ? Pouvais-je travailler différemment que ne le faisaient les enseignants sans perturber leur travail et celui des enfants ? Que leur apporter qui n’était pas enseigné à l’école et qui était un manque ?
Devais-je m’intéresser à la pédagogie, aux méthodes de travail et ignorer l’aspect psychologique inhérent à l’apprentissage, aux relations enseignant/élèves et parents/enfant ? Très vite il me parut évident que cet aspect ne pouvait être dédaigné. Il ne servait à rien d’enseigner des méthodes si existaient des verrous, des empêchements intérieurs.
Les années passées en compagnie de bons et de mauvais élèves, les conclusions que j’ai pu tirer en me fondant sur leur épanouissement intellectuel ou encore leurs difficultés grandissantes ou même sur leur rejet de tout apprentissage, m’amènent à penser que le rôle des parents ne peut se limiter à celui de l’éducation des enfants et qu’ils se doivent d’être présents tout au long de leur scolarité.
Une chose est sûre : dans leur grande majorité, les élèves qui réussissent à l’école sont aidés à la maison. Mais attention, aider ne veut nullement dire les mettre sous pression, ce que font beaucoup de parents angoissés pensant bien faire. Une règle à ne jamais oublier est qu’il faut laisser le travail scolaire à sa place et prendre garde qu’il n’occupe tout l’espace ni surtout investisse l’espace affectif.
Epauler un enfant signifie que l’on s’intéresse à ce qui l’intéresse et non seulement à ses études. Ils sont nombreux à se plaindre de ce que l’école importe seul à leurs parents.
Seconder un enfant dans sa scolarité, c’est montrer de l’enthousiasme à faire bien ce que l’on fait (son métier ou une activité) ainsi qu’à travailler avec lui. Il doit ressentir l’allant que l’on a à mener jusqu’au bout une tâche difficile tout autant qu’à lire, qu’à plancher avec lui sur un problème de mathématiques ou un exercice d’anglais. Le plaisir est communicatif. Ce qui fait le bon élève est cette capacité à prendre du plaisir à l’apprentissage, mais aussi à y trouver du sens. Et pour qu’il en trouve, il ne faut pas que les connaissances restent cloisonnées, confinées à l’école. Le rôle des adultes est de relier les acquis scolaires au réel, au vécu de l’enfant.
L’aider, c’est être positif, croire en lui, en ses possibilités, c’est valoriser ses performances plutôt que pointer ses échecs, et cela tous les parents en sont capables, quelles que soient leur instruction, leur préoccupation, leur disponibilité.
Soutenir, c’est être attentif. Manque de confiance en soi, stress, problème relationnel à l’école ou à la maison, choc psychologique, et l’enfant n’est pas à la tâche. Il est en état de distraction. Il n’est pas motivé. Les exhortations, les menaces, voire les punitions ou même les cours particuliers n’y peuvent rien changer. La condition première pour qu’il travaille bien à l’école est qu’il se sente en sécurité. Importent la qualité du rapport qu’il entretient avec les siens, la richesse de la communication, la joie, sans oublier l’ouverture au monde qui lui est faite, la possibilité qui lui est donnée de se projeter dans le futur.
Une démarche qui informe le plus sur les raisons des réussites et des échecs de l’enfant est une réflexion commune sur son travail. Qu’est-ce que pour lui apprendre une leçon d’histoire ? Comment sait-il qu’il s’en souviendra ? Apprend-il de la même façon la géographie ? Qu’est-ce qu’être attentif ? Suit-il une démarche précise quand il lit un énoncé ? Comment mémorise-t-il des propriétés géométriques ou l’orthographe d’un mot ? On s’aperçoit que souvent l’enfant ignore ce que veut dire savoir une leçon ou être attentif, et quand ce travail de réflexion n’a pas été mené, un dialogue de sourds s’établit : ses parents, lui demandent de se concentrer, de faire davantage attention ou tout simplement de faire des efforts, de travailler, ce qu’il tente sans y parvenir car il ne sait pas ce que ces tâches requièrent de lui, il n’en connaît pas les modes d’emploi. On l’aide donc à s’interroger, à rechercher des solutions, des tactiques nouvelles au lieu de le laisser face à ses échecs ou à son impuissance.
On peut apprendre à un enfant à apprendre, c’est-à-dire à lire un énoncé correctement, à mémoriser une leçon, une carte de géographie ou du vocabulaire étranger, à faire un problème, une rédaction et même à cultiver son imagination ; on peut lui apprendre à travailler vite, à se relaxer afin d’être plus efficace et de récupérer pour lui temps et énergie. A acquérir de bonnes habitudes, à s’organiser et devenir autonome.
Nous avons reçu, Alain Sotto et moi-même, plusieurs centaines d’enfants. Si chaque cas est particulier, on retrouve des constantes.
Reviennent les mêmes questions des parents : Comment travailler avec mon enfant sans drame ? Que doit-il faire pour être attentif ? Doit-il redoubler, faire du latin, apprendre par cœur ?
Reviennent les mêmes fautes des enfants, erreurs dues à une mauvaise lecture de l’énoncé, fautes d’orthographe à des mots qu’ils utilisent régulièrement, difficultés à se souvenir des leçons apprises pourtant la veille, fautes dans un exercice alors que la règle est sue…
Reviennent les mêmes causes à ces difficultés : connaissances erronées ou privées de sens, savoir-faire imprécis, manque de projet de restituer les connaissances, absence de correction personnelle, problème de vocabulaire, approche viciée de la note tout autant que de l’erreur, méthodes de travail inexistantes…
Ce livre se présente sous forme alphabétique afin que l’on puisse facilement le consulter. Il propose des fiches de méthode détaillées qui s’adressent aux enfants. A ces fiches correspondent d’autres destinées aux parents. Elles complètent les premières, apportent des indications sur ce qui est conseillé, elles en donnent les raisons.
Il s’y trouve également des articles plus généraux, là où il ne serait pas sérieux d’apporter des réponses précises. Mais ils rendent compte du résultat de recherches en neuropédagogie ou en psychologie cognitive, des travaux d’enseignants, exposent des cas qui permettent une mise en évidence des problèmes et de leurs remédiations. Grâce à ces éléments, ils facilitent la réflexion, suggèrent différentes approches.
D’autres articles encore établissent des repères pour l’apprentissage de la grammaire, du calcul, bases nécessaires à une bonne scolarité tout autant en primaire qu’au collège. Enfin deux dossiers s’intéressent aux plus petits et aux plus grands, avec l’apprentissage de la lecture pour les premiers, et des conseils méthodologiques adressés aux lycéens.
C’est à partager nos expériences avec Alain Sotto que nous avons avancé dans notre travail. Cependant il n’aurait trouvé son aboutissement sans les travaux et les recherches menés par ailleurs, que ce soit dans les neurosciences, en pédagogie et encore en psychologie cognitive. C’est à lire ou à entendre Alain Bentolila, Stella Baruk, Alain Lieury, Philippe Meirieu, Antoine de La Garanderie, Britt-Mari Barth, Hélène Trocmé-Fabre, Linda Williams, André Giordan et bien d’autres que nous avons trouvé confirmation de certaines de nos intuitions qui ont guidé, au fil des années, notre travail avec les élèves en souffrance scolaire.
Mais cet ouvrage doit surtout aux enfants venus nous consulter et qui nous ont donné leur confiance. Ce sont eux qui nous ont appris ce que nous tentons de transmettre aujourd’hui.
Varinia Oberto
Co-auteur de « Aidez votre enfant à réussir » et de « Dénouer l’Echec scolaire »