L’écoute et l’accompagnement de l’enfant sont essentiels à son épanouissement. Et la confiance qu’on a en lui, la croyance en ses possibilités.

Il est important que l’idéal parental, en ce qui concerne sa scolarité, ne soit pas un idéal fantasmé se substituant à son propre désir. Dans les premières années de la vie, l’enfant est porté par ses parents, médiateurs de ce désir. Au fil des apprentissages, ils lui permettent de gagner son autonomie. Et pour cela ils le laissent expérimenter et en tirer des enseignements, choisir des voies qui n’auraient pas forcément été les leurs ; ils l’aident à couper le cordon ombilical, acceptent qu’il devienne un enfant-sujet.

Malheureusement le désir de certains enfants reste enfermé dans celui des parents. Si ces enfants-objets ont un statut vivable, si ce n’est confortable, tant qu’ils sont en primaire, cela devient infiniment plus difficile à l’entrée au collège, c’est-à-dire à l’adolescence. Ils perdent toute motivation à travailler.

« Je travaille pour faire plaisir à Maman. » « Mes parents veulent que j’ai tout bon en problèmes. » « Si j’ai pas la moyenne, ils sont pas contents. » Ces phrases reviennent fréquemment dans la bouche des enfants, de ceux qui n’ont pas découvert le goût d’apprendre. Qui n’ont pas appris à apprendre pour eux, pour se construire. « Or se découvrir capable de penser avec plaisir et de penser son plaisir est le préalable nécessaire à toute activité de pensée » dit la psychanalyste Piera Aulagnier, (1) ce que nous notons chaque jour avec les élèves, en difficulté ou non, qui viennent consulter.

Rendre l’enfant autonome, c’est aussi l’accompagner, lui donner les repères pour avoir accès à la conscience, à la connaissance, pour occuper sa juste place, la place qu’il aura choisie. C’est lui donner des limites : un espace ouvert repérable.

L’idéal parental doit se rapprocher de ce que l’on pourrait appeler un projet et coïncider avec celui de l’enfant. Nous avons alors des conditions idéales pour que, soutenu avec bienveillance et rigueur, il puisse travailler.

Quand ce n’est pas le cas, il s’essouffle à satisfaire ses parents, ce à quoi il n’arrive pas, et s’il y parvient, c’est au prix de la négation de son propre désir, d’une fragilisation de sa structure psychologique.

(1) Les destins du plaisir, Puf 1979