Le magazine CLÉS propose dans son dernier numéro (96) un focus consacré à la mémoire intitulé « La mémoire est-elle encore utile ? ». Alexandre, étudiant en médecine, explique la procédure d’apprentissage qu’il a découverte auprès d’Alain Sotto :

J’ai une bonne mémoire : jusqu’au bac, je n’ai jamais eu à plancher des heures pour retenir mes cours. Si j’ai voulu me faire aider en première année de médecine, c’est que la masse d’informations à retenir m’a soudain paniqué. J’ai alors consulté le psychopédagogue Alain Sotto. Son point fort a été de me faire comprendre que nous avons besoin d’une procédure. Ça se déroule en trois temps :

  1. La concentration. Notre mémoire à deux moteurs l’attention et l’émotion – nous retenons ce qui nous émeut et ce sur quoi nous nous concentrons. Mais dans le cadre des études, l’émotion (amoureuse par exemple) a plutôt tendance à nous distraire ; si elle s’apparente à l’anxiété, la mémorisation devient même impossible. La solution : revenir à l’ici et maintenant, se focaliser sur le présent. C’est pourquoi certains conseillent la méditation aux étudiants.
  2. La visualisation. Notre mémoire retient volontiers les images. Pour se souvenir des mots, des dates, des concepts, des théorèmes, une bonne méthode consiste à les associer à une suite d’images et à monter l’ensemble comme un film. Retenir une information revient alors à visualiser la partie du film qui lui est associée. Et pour que l’ancrage soit plus sûr, il faut décrire ces images avec des mots, comme pour raconter une histoire.
  3. Le projet. C’est l’ultime secret : pour être retenue, une information a besoin de s’inscrire dans un projet. Un entant risque fort d’oublier l’orthographe d’un mot dont il ignore dans quel contexte il pourra l’utiliser. Pour l’étudiant en médecine que je suis, se projeter dans l’avenir n’est pas difficile. Mais on peut viser moins loin pour se rappeler une histoire drôle, par exemple, on peut s’imaginer en train de la raconter à des amis qui rient aux éclats. La boucle mémorielle est alors assurée.

Aujourd’hui, au terme de ma troisième année de médecine, cette approche me sert toujours. Pas question de me soumettre au régime autodestructeur de tant de mes condisciples ! Je m’applique juste à travailler efficacement. Et je n’ai jamais raté un examen. Mieux : plus confiant en mes capacités, j’ai récemment décidé de m’accorder une annee sabbatique à Budapest, pour me consacrer à la musique.

Extrait de CLÉS Magazine, propos recueillis par Stéphanie Torre